Faisons connaissance avec lui grâce à l’interview réalisée le 24 octobre 2023 par Marie-Christine Hélias, Présidente du Coders 87.
M.-C. Hélias : Cela fait maintenant plus d’un an que tu es adhérent du club de la Retraite sportive de Limoges et ton implication est remarquable. C’est pour cela que je voulais faire plus ample connaissance avec toi et partager cette discussion amicale avec le plus grand nombre de personnes que ton parcours pourrait intéresser. Pouvons-nous commencer par évoquer brièvement ton parcours professionnel ?
T. Boëly : Bien sûr. J’ai exercé pendant vingt-cinq ans la médecine en tant que généraliste, puis je suis devenu praticien hospitalier, occupant à terme un poste à temps plein de chef de service du Service de soins de suite et réadaptation (SSR) polyvalent et onco-hématologique au CHU de Limoges. M.-C. H. : Toujours à Limoges ?
T. B. : Oui, je n’ai jamais quitté Limoges.
M.-C. H. : Ton parcours de sportif n’est pas négligeable non plus !
T. B. : Si tu veux : je pratique les arts martiaux depuis l'âge de 20 ans (Viet Vo Dao, Kung-Fu et Sanda, la boxe chinoise). J’ai d’ailleurs été moniteur fédéral de Kung Fu (bénévole bien sûr) pendant quinze ans, j’ai appartenu à diverses fédérations.
M.-C. H. : Impressionnant ! Quelle modestie ! Mieux vaut rester calme avec toi et ne pas trop chercher à te contrarier… Donc, aujourd’hui te voici licencié à la Fédération française de la retraite sportive. Pourquoi ce choix ?
T. B. : Jeune retraité, je cherchais une association sportive où pratiquer des activités pluridisciplinaires s’adressant plus particulièrement à un public senior. Je sais à quel point il est important de préserver son capital santé tout en s’adaptant au mieux aux problèmes inévitables du vieillissement.
Je cherchais aussi la convivialité, le partage … : Tout ce que j’ai trouvé ! Donc, en fin d’année 2021, je suis devenu adhérent de l’Association de la Retraite sportive de Limoges.
Beaucoup d’activités proposées en début d’année étaient déjà saturée. C’est alors que Marie-Françoise Hyllaire, Présidente de l’ARS, m'a proposé de faire la formation pour une nouvelle activité qu'elle voulait mettre en place à la rentrée de cette année : le pickleball. Je la remercie car elle nous a trouvé (pour les trois futurs animateurs intéressés) une salle pour que nous puissions nous entraîner avant d’entamer notre cursus de formation M2 à Chéops début mai. Je remercie également le Coders 87 qui nous a fourni le matériel.
Ce nouveau sport proposé aux seniors a été mis en place dans plusieurs clubs de la Haute-Vienne. Il a remporté un franc succès.
Par ailleurs, le poste étant devenu vacant, tu m’as proposé de prendre également la fonction de médecin départemental, en suivant, là encore, la formation/information nécessaire. J’ai rapidement été « adoubé ».
M.-C. H. : Oui, je te remercie vivement pour ton implication, mais tu ne t’es pas arrêté là…
T. B. : En effet, lors d’une intervention sollicitée par le Coders de Gironde, j’ai eu une longue conversation amicale avec son Président, Marc Audibert, également instructeur fédéral. Suite à cet entretien, l’idée d’une nouvelle activité centrée sur la protection des seniors a émergé. Elle fait actuellement l’objet d’une expérimentation.
Cette activité s’adresse à un public indemne de toute pratique d’arts martiaux, donc novice. Il faut apprendre à se protéger, prendre confiance en soi, communiquer, savoir gérer deux types d’agressions : verbales et physiques. Dans un premier temps, il faut savoir pratiquer des techniques d’évitement, de désengagement et de protection afin de pouvoir faire face, sans préparation, à des agressions qui ont souvent lieu dans la rue.
Pour cela il est nécessaire de renforcer son équilibre, d’acquérir des techniques de relaxation, notamment grâce à la respiration. Ce sont des techniques simples mais efficaces pour gérer le stress.
Ce sont des réflexes à avoir pour se libérer des prises malveillantes, tout en surprenant l’adversaire, et qui seront acquis grâce à une pratique régulière de l’activité.
M.-C. H. : Mais donc en tant qu’animateur, tu dois t’adapter à un public très hétérogène (ce qui est d’ailleurs le cas pour tous les animateurs de la Retraite sportive) et néophyte ? Peux-tu en dire plus sur le déroulement envisagé des séances ?
T. B. : J’envisage de respecter plusieurs paliers pour acquérir ces techniques. Le dernier serait d’apprendre à utiliser les objets de la vie courante que nous avons tous à notre portée : sac à main, clés, parapluie, stylos, revue pliée… Lors de jeux de rôles, je n’hésite pas à devenir l’agresseur afin d’éviter le réflexe de panique.
Grâce à la fréquentation assidue de cette pratique, un gain de force musculaire va être constaté, ainsi que le maintien de l’équilibre, l’accroissement de la confiance en soi, le don d’observation et la mémoire.
M.-C. H. : As-tu déjà mis en place cette activité dans notre département à titre de test ?
T. B. : Oui, dans deux clubs de Limoges. J’encadre environ 45 participants (en majorité un public féminin, quelques personnes handicapées par des problèmes d’arthrose ou de suite d’AVC). Tout dépendra de leur assiduité aux cours. Pour le moment ils sont très satisfaits, convaincus par la nécessité d’obtenir ces réflexes et du bien-fondé de cette pratique non violente, purement adaptée aux seniors. Malheureusement, les faits divers actuels nous prouvent la nécessité d’acquérir ces techniques.
M.-C. H. : Où en est-on au point de vue fédéral ?
T. B. : L’initiative est accueillie favorablement et bien perçue des conseillers techniques Séverine Haas et Simon Pouts, missionnés par la Directrice technique nationale pour suivre l’expérimentation et organiser une réflexion, qui pourrait potentiellement déboucher sur des formations. Tout cela est très encourageant.
M.-C. H. : Merci Thierry. Quelle bonne idée d’avoir rejoint la Retraite sportive, et d’y apporter toutes tes compétences !
> Le site du Coders 87
> Le site de l’ARS de Limoges
À savoir : à la Fédération, la santé aussi est une affaire d’équipe ! Dans chaque région, des médecins « seniors » bénévoles, venus d’horizons très divers, donnent de leur temps et de leur énergie pour mettre leurs connaissances et leur expérience au service de nos adhérents et de nos encadrants.
> Relire Vital’ité n°45 p. 10-11