Nous sommes bipèdes et ce mode de déplacement, propre à notre espèce, fait supporter à nos pieds une contrainte importante. La surface portante de nos deux pieds n'est que de quelques cm2 et à chaque pas la totalité du poids du corps repose en alternance sur la moitié de cette surface ! La pression considérable de cette charge met à rude épreuve l’ensemble des structures qui les constituent, à savoir, la peau de la surface plantaire, les vingt-six os du pied, les ligaments qui les relient, les tendons qui s’y implantent.
Les pieds sont précieux pour toutes les activités physiques pratiquées par nos adhérents et il faut en prendre soin, d’autant plus qu’avec l’avancée en âge, de nombreuses atteintes peuvent apparaître. Elles peuvent concerner :
- La peau qui du fait des frottements, de la transpiration, peut être le siège d’une irritation, d’ampoules, de mycoses (champignons) surtout entre les orteils, de dyshidrose (forme d’eczéma), de durillons, de cors conséquences d’excès d’appui.
- Les ongles qui peuvent être infectés par des champignons (onychomycoses), incarnés, ou présenter des hématomes sous leur surface et se décoller en raison des conflits répétés à chaque pas contre l’extrémité de la chaussure.
- Les os et les articulations qui subissent les dégâts liés à l’arthrose, ou des déformations à type de désaxation comme l’hallux-valgus, plus fréquent chez les femmes. On peut aussi citer les fractures de fatigue qui surviennent suite à des contraintes excessives, en l’absence d’un traumatisme évident.
- Les tissus situés entre la peau et les os, sièges d ‘aponévrosite plantaire, appelée aussi « épines calcanéennes », souvent en lien avec une surcharge pondérale.
- Les troubles statiques de la voûte plantaire comme les pieds plats ou les pieds creux.
Toutes les affections qui portent atteinte à l’un ou l’autre de ces éléments génèrent inconfort, gêne à la marche, douleurs et risquent d’avoir des répercussions à distance sur les chevilles, les genoux, les hanches, le rachis.
Les conseils que l'on peut donner concernent :
- L’hygiène. Il faut être attentif au séchage surtout entre les orteils pour éviter le développement des mycoses qui si elles apparaissent se traitent facilement par des crèmes antimycosiques.
- L’entretien des ongles qui doivent être régulièrement coupés, pour éviter les conflits avec la chaussure. Ils doivent être taillés de façon linéaire, en épargnant les angles pour éviter l’évolution vers les ongles incarnés.
- Le chaussage concerne le choix des chaussures, certes, mais il ne faut pas négliger les chaussettes qui doivent être épaisses et ne pas comporter de coutures saillantes. Il existe des chaussettes qui contiennent un système élastique les empêchant de glisser. Quant aux chaussures, elles doivent être essayées en fin de journée de préférence pour obtenir la pointure adéquate. Les semelles doivent être suffisamment épaisses, munies de crampons afin d’avoir une bonne adhérence sur les terrains glissants. Ne perdez pas de vue le risque de chutes avec leurs conséquences très fâcheuses.
En résumé, n’hésitez pas à consulter un podologue qui vous conseillera et confectionnera, si besoin, des semelles adaptées.
PS : Une mention spéciale pour les diabétiques chez qui ces conseils doivent être scrupuleusement respectés avec inspection quotidienne des pieds pour dépister, dès le début, la moindre atteinte qui risque de s’aggraver et d’avoir des conséquences graves. Le médecin doit régulièrement surveiller la circulation, la sensibilité qui sont fréquemment atteintes. Le patient, en fonction des facteurs de risque, peut bénéficier de trois séances de pédicurie remboursées par les caisses d’assurance maladie.
Claude Paumard, médecin régional Pays de la Loire
Le point de vue du podologue
La mécanique est l’ensemble des éléments qui sont nécessaires au fonctionnement d’une machine construite dans un but utilitaire : une automobile, un four à micro-ondes, une tondeuse à gazon, un aspirateur…
La biomécanique, c’est l’application de la mécanique à l’étude des systèmes biologiques de l’homme, des animaux et même des végétaux.
La biomécanique, c’est l’application de la mécanique à l’étude des systèmes biologiques de l’homme, des animaux et même des végétaux.
La biomécanique de l'homme (donc l’ensemble des éléments vivants nécessaires à une fonction : os, articulations, ligaments, tendons, muscles...) commence à devenir défaillante dès la cinquantaine (eh oui !!!). Et il faut savoir que si les douleurs et la gêne se manifestent à cet âge, les causes sont souvent déjà installées depuis la fin de la croissance. Les exemples qui affectent différents niveaux (pied, genou, dos...) abondent.
Prenons un sujet qu’on appellera « Alfred » à qui le médecin militaire décèle, à 18 ans, lors du conseil de révision, une inégalité des membres inférieurs (« une patte plus courte que l’autre »). Alfred a terminé sa croissance il gardera donc cette particularité jusqu’à la fin de ses jours.
Deux cas de figure peuvent se présenter :
1. Alfred est sédentaire, il est « cool » et il travaillera en position assise ; bien assis, il se retrouve avec ses deux fesses placées horizontalement et la colonne vertébrale verticalisée par l’appui de son bassin sur la chaise et non sur ses membres inférieurs d’inégale longueur.
Que se passe-t-il ? Alfred « cool » ne sollicitant pas sa biomécanique, il sera à l’abri des tendinites, entorses et autres traumatismes (course à pied, vélo, marche…). Comme il travaillera toute sa vie en position assise, il ne souffrira pas de douleurs du dos, ni des autres articulations, car ses appuis fessiers l'équilibrent.
2. Alfred est actif, voire sportif, il est « tonique » et il travaillera debout.
Que se passe-t-il ? Alfred « tonique », lui, exposé au sport et au travail debout sur ses membres inférieurs de longueur inégale se plaindra assez rapidement de douleurs liées à l’effort et aussi à la malposition car son bassin est déséquilibré, plus haut d’un côté que de l’autre. On peut le comparer à un réfrigérateur qui, pour être parfaitement calé sur le sol, est muni de mollettes destinées à absorber les imperfections du carrelage de la cuisine. Tôt ou tard, notre Alfred « tonique » risquera de souffrir de pathologies fonctionnelles comme des sciatiques, de l’arthrose de la hanche (surtout du côté « long »).
Il est donc utile de consulter un podologue pour vérifier et appareiller, si besoin, une malposition au sol génératrice de douleurs chroniques et récidivantes. On équilibre bien le train avant des voitures !!
Suite au prochain épisode ! D’ici là, t’as le bonjour d’Alfred.
Pierre Bouyer, podologue
