Par ailleurs, sa dispensation est autorisée par les pouvoirs publics dans de nombreux pays européens (Espagne, Allemagne, Italie, Pays Bas, Portugal, Finlande, Royaume-Uni…) et à travers le monde : Canada, Australie, Nouvelle-Zélande, Chili, Colombie, Israël et dans trente-trois États américains.
Son usage médical est connu depuis l’Antiquité, d’abord en Asie (2 800 avant J.-C.) où ses propriétés antalgiques (voire anesthésiques) sont rapportées. Son utilisation contre les spasmes musculaires (épilepsie, tétanos…) apparaît au Moyen-Âge et perdure jusqu’au début du XXe siècle. Les nausées, les vomissements, l’hypertension, la goutte, les rhumatismes et la dépression ont également fait partie de ses indications.
Israël a été, il y a plus de vingt ans, pionnier dans la réactualisation de l’usage médical du cannabis ; plus de 45 000 patients en bénéficient aujourd’hui. La prescription est autorisée pour le généraliste et la délivrance permise dans toutes les pharmacies. Israël est le premier pays au monde importateur de cannabis devant l’Allemagne.
Le cadre législatif actuel permet aux médecins la prescription de cannabis, mais dans un cadre administratif d’autorisation temporaire et nominatif très dissuasif, qui fait qu’elle reste très confidentielle et incite donc les malades au dangereux usage illicite.
Les indications du cannabis thérapeutique pourraient, à terme, concerner près de 4 millions de personnes en France.
Une expérimentation sur deux ans
En 2018, la France décide de se saisir du sujet (mission ANSM - Rapport et débat parlementaire) et publie un article dans la loi le 24 décembre 2019, puis un décret le 7 octobre 2020 qui prévoit une expérimentation devant débuter fin mars 2021 et durer deux ans avec suivi semestriel.
L’expérimentation sera conduite par des médecins volontaires formés, sous l’égide d’un centre anti-douleurs ou de services hospitaliers spécialisés.
Elle concernera 3 000 patients sélectionnés dans les indications suivantes, en complément ou en remplacement des traitements existants :
Elle concernera 3 000 patients sélectionnés dans les indications suivantes, en complément ou en remplacement des traitements existants :
• Les douleurs réfractaires aux thérapies accessibles ;
• Certaines formes d'épilepsie sévères et résistantes au traitement,
• Les soins de support en cancérologie (nausées, vomissements dus aux chimiothérapies),
• Les situations palliatives,
• La spasticité douloureuse de la sclérose en plaques.
La substance délivrée ne sera bien sûr pas le hashish ou la marijuana qui circule parmi nos concitoyens, mais des extraits de la plante, le Cannabidiol (CBD), relaxant musculaire et sédatif, et le Tetrahydrocannabinol (THC) antalgique et psycho-actif.
Le cannabis sera fourni sur prescription sécurisée par les pharmacies hospitalières ou les officines volontaires, soit sous la forme de fleurs séchées vaporisée à effet immédiat, de solution buvable ou de capsule à effet prolongé avec cinq ratios de concentration disponibles entre les deux substances actives (CBD et THC), permettant d’ajuster au mieux le rapport bénéfices/inconvénients.
La forme « à fumer » ne sera pas disponible en raison de sa toxicité pulmonaire.
La culture et le traitement du cannabis contenant plus de 0,2 % de THC (qui ne dépend pas du ministère de la Santé) est toujours légalement interdite en France, ce qui ne permet pas la mise en œuvre d’une filière de production et oblige d’avoir recours à l’importation. Dans certains pays, pour des raisons probablement économiques, « l’auto-culture » a été autorisée avec une limite fixée à cinq plants par usager
Dr Jean Bultel,
Médecin fédéral
Image 1 par isuru prabath de Pixabay
